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Libération
Critique

La science humaine de Doisneau.

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par Jérôme LEGUEDE
publié le 20 juin 2005 à 2h40

Loin de la notoriété du Baiser de l'Hôtel de ville, voici Robert Doisneau «chez les Joliot-Curie, au pays des physiciens». A l'origine de ces photographies, pour beaucoup inédites, une commande. En 1942, le ministère de l'Information de Vichy veut publier une brochure de propagande mettant en scène l'élite française.

Quatorze ans. Agé de 30 ans, et encore inconnu, Doisneau se voit confier par l'éditeur Maximilien Vox la partie scientifique de l'ouvrage Nouveaux Destins de l'intelligence française. Pour Doisneau, ce sera le début d'une relation de près de quatorze ans avec une physique de l'atome en pleine expansion. Après cette première commande autour des travaux d'Irène et Frédéric Joliot-Curie, d'autres suivront : au laboratoire de synthèse atomique à Ivry, au laboratoire de chimie nucléaire du Collège de France ou au fort de Châtillon (début du Commissariat à l'énergie atomique).

Des débuts de cette science de l'atome («Big Science»), Doisneau prendra, entre 1942 et 1956, 200 clichés environ. Une centaine sont aujourd'hui présentés au musée des Arts et métiers, à Paris. Images loufoques, bizarres et ésotériques, tout un imaginaire entre Brazil et Metropolis s'en dégage. Machines insolites et gigantesques aux fonctions obscures au néophyte, à l'image des installations d'Ivry. «Plus fort que Metropolis, le laboratoire de synthèse atomique, rue Franklin, à Ivry, ressemble à une usine. Qui plus est une usine de munitions», déclare à l'époque Doisneau. Face à ces monstres, le s