Carmel envoyé spécial
«En voilà une belle ! Quelle chance !» David Dilworth est heureux. Tapie dans les sous-bois, parmi les épines de pins, l'orchidée Piperia yadonii dresse la tête. Une sorte de toute petite asperge verte, avec de minuscules fleurs blanches qu'il faudrait apprécier à l'aide d'une loupe. «Elle est extrêmement rare, elle fait partie des espèces en danger», explique le directeur de Hope (Helping our Peninsula's Environnement). Il n'en reste plus que quelques dizaines de milliers sur terre, principalement ici, sur la péninsule de Pebble Beach, à deux heures et demie de route au sud de San Francisco. A l'écouter, ainsi que d'autres organisations environnementales, un redoutable prédateur la menace. Son nom : Clint Eastwood.
L'orchidée de Yadon n'est pas la seule dans cette situation. La grenouille à cuisse rouge (Rana draytonii), rendue célèbre par Mark Twain (1) et qu'on a cru longtemps disparue, est une autre victime potentielle de l'inspecteur Harry. Sans oublier les pins de Monterey eux-mêmes, autre espèce menacée.
L'acteur, qui règne sur la péninsule, veut faire construire un nouveau terrain de golf, et a besoin pour cela d'arracher 17 000 de ces pins rares. Depuis plusieurs années, les écologistes se battent contre ce projet, avec l'appui de l'administration californienne chargée de veiller à la préservation de la côte. Mais Clint Eastwood est un homme à la fois puissant et têtu. Il juge leurs inquiétudes infondées. Il ne veut, jure-t-il, que préserver le «b