Après le Centre chorégraphique national (CCN) de Rennes, trois ans à Brest en tant que chorégraphe associé au Quartz, Bernardo Montet a succédé en 2003 à Daniel Larrieu à la direction du CCN de Tours. Il y poursuit son exploration d'une danse sans afféterie, portée par une compagnie équilibrée dans son éclectisme même. Cet élan vers l'autre, Montet, métis d'origines guyanaise et vietnamienne, l'a plusieurs fois mis à l'épreuve. Ce fut la rencontre avec le Japonais Kazuo Ohno, l'un des fondateurs du butoh, lorsqu'il dansait avec Catherine Diverrès. Puis Pierre Guyotat lui ouvrit la porte de l'Afrique : avec Issê Timossé, ils revinrent sur l'histoire du colonialisme et ses marques indélébiles. Plus tard, dans Dissection d'un homme armé, il passe en revue le corps guerrier.
Il vient de reprendre Ma Lov', créé en 1998 à Brest et rebaptisé Coupédécalé, du nom d'une danse qui fait un tabac en Afrique, et du transfert d'argent du pays d'émigration au pays natal. Avec la même équipe, mais pas à l'identique, la pièce remet sur le devant de la scène une manière libre et instantanée de travailler, sans figer le propos par la narration ou l'affect. Une équipe, c'est une écoute et l'on peut dire que les quatre danseurs, le compositeur Eran Tzur et la plasticienne Tamar Getter s'entendent. Tout s'efface aussi dans ce spectacle en forme de palimpseste. Sur un tableau noir, Tamar dessine avec ses bras-compas. La craie dérape, casse. Eran Tzur appuie un peu plus sur les cordes électriques, le