En France, on a longtemps appelé le dancehall, le ragga (de raggamuffin, le patois pour les débrouillards, ceux qui ont mis au point cette musique). Né après la mort de Bob Marley, le dancehall, comme le reggae, raconte le quotidien des ghettos jamaïquains mais sur un rythme en deux temps, le «bogle», beaucoup plus rapide. «C'est une musique faite pour penser et pour danser», résume Krys, 21 ans, nouvelle coqueluche de la scène francophone. Le jeune Guadeloupéen, qui partage sa vie entre ses études à Sup de Co et sa passion pour le dancehall, en a fait une règle dans ses concerts. A la fin de son tube V.I.P., il fait danser tout le public sur les pas inventés dans les sound systems à Kingston et depuis peu dans les Antilles françaises : le «Thundaclap», le «Blaze», le «Pon di River, Pon di bonk», le «coupé la canne»...
Repris par les rappeurs. C'est d'ailleurs un danseur, Gerald Bogle Levy, qui a donné le nom au rythme (riddim) principal du dancehall. Assassiné le 20 janvier dernier, il avait mis au point en 1991 une danse allant avec le nouveau rythme. Ses bras moulinaient dans l'air avec trois doigts tendus, censés représenter des armes à feu. La légende raconte qu'il dansait effectivement avec des armes en mains. «En Jamaïque, explique Krys, où il y a beaucoup de misère et de meurtres (1 500 en 2004, soit deux fois plus qu'en Angleterre pour un pays trente fois plus petit, ndlr), les gens s'organisent pour s'amuser. La Jamaïque a une grande culture de la fête. C'est aussi