C'est comme une barge en béton qui serait définitivement amarrée au quai d'Austerlitz. Surplombant imperceptiblement la Seine, ces anciens Magasins généraux de transit, bâtis en 1907 par l'architecte Georges Morin-Goustiaux, ont servi jusque dans les années 30 à transférer les marchandises des péniches vers les trains. Aujourd'hui, on passe devant ce lieu comme devant un paysage invisible. Sauf si on y achète les moquettes Saint-Maclou. Sauf si on a participé, en 1981, à deux soirées de Rock'n'Loft, avec Alan Vega, Tuxedomoon, Snakefinger... Ces entrepôts ont aussi tenu, à fleur de berge, leur rôle de haut lieu gay de drague, dans les Nuits fauves de Cyril Collard. Ils abritent encore une discothèque, différentes associations. Très provisoirement. Car ces magasins qui appartenaient au Port autonome, aujourd'hui récupérés par la Mairie de Paris, vont se transformer en Cité de la mode et du design en 2008. Quand ils auront été rhabillés par les architectes Jakob & MacFarlane (1).
Trouée fluviale. Avant cette transformation, on peut encore jeter un oeil à ce bâtiment industriel en béton armé, un des premiers du siècle. Côté quai d'Austerlitz, il se mire dans des immeubles en verre, qui le rendent ingrat, il faut dire qu'il est affreusement customisé. Pour atteindre les berges, le sentier est plus difficile, bordé d'une voie rapide peu hospitalière. Sur le long flanc des magasins de 280 mètres environ, des péniches accortes, dont la coquette Fiancée du pirate. Car ce qui entraîne