Menu
Libération
Critique

Chicanes chicanos.

Article réservé aux abonnés
Inspiré par les rares photos de Chavez Ravine qui subsistent, Ry Cooder chante ce quartier mexicain de Los Angeles rasé dans les années 50.
publié le 25 juin 2005 à 2h44

La fenêtre de la chambre d'hôtel est grande ouverte, la pluie tombe sur les arbres et Ryland P. Cooder, 58 ans, inspire profondément la fraîcheur qui monte du jardin. «Je ne vois jamais ça à Los Angeles, il y a toujours ce foutu smog...» La musique des gouttes tombant sur les feuilles et le pavé luisant, au-delà du portail : on comprend que les gens de passage trouvent du charme à Paris. Nous sommes à la mi-mai, dans une petite rue de Saint-Germain-des-Prés. «On m'a dit qu'il y avait de bonnes libraires d'affiches de cinéma dans le quartier. Je cherche celle des Vacances de Monsieur Hulot. Elle coûte probablement une fortune, mais j'en rêve depuis des années.»

«Fresque». Ry Cooder, le compositeur de Paris Texas et l'architecte de Buena Vista Social Club, deux des disques les plus vendus de l'histoire dans leur domaine respectif (musique de film et world music), est en Europe pour parler de son nouvel album, Chavez Ravine (Libération du 3 juin). «Pour Buena Vista, il a suffi d'un coup de fil de Nick Gold (le patron du label anglais World Circuit, ndlr), "Tu viens avec nous à Cuba ?", et le disque s'est fait en huit jours ; là, ça m'a pris trois ans et demi.»

Un autre appel téléphonique est à l'origine de la nouvelle aventure. En 2001, Cooder est contacté par le photographe Don Normark, qui lui demande des musiques pour un court métrage qu'il souhaite faire à partir de photos d'un quartier de Chicanos (immigrés mexicains) de Los Angeles qu'il a prises en 1949. Ce quartier a été