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Libération
Critique

Electrisante «Elektra».

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publié le 25 juin 2005 à 2h44

La nouvelle Elektra dévoilée à Bastille confirme, après l'Otello dirigé par Gergiev et le Tristan dirigé par Salonen, qu'un grand chef aux commandes de l'Orchestre de l'Opéra de Paris fait une sacrée différence. Autant le dire, on n'attendait rien de Christoph von Dohnanyi, straussien de réputation dont les prestations récentes, à Salzbourg ou Paris, semblaient routinières et détachées.

Performances. Dans la fosse de Bastille, il déchaîne la foudre dès les premières mesures de ce deuxième chef-d'oeuvre lyrique de Strauss. On dirait qu'ils ont répété pendant six mois, tant l'orchestre semble ruer, ou danser suavement ces valses absurdes, au moindre signe du chef transfiguré.

Gérard Mortier a raison d'offrir Elektra sans entracte. Pendant 1 h 45 , la concentration, le souci du détail et l'engagement des pupitres et des vocalistes tétanisent. Au premier rang des performances, la Clytemnestre de Felicity Palmer, tendue à éclater sous une lumière blafarde creusant sa blondeur de spectre. L'aigu de Deborah Polaski dans le rôle-titre est moins sûr que celui de Deborah Voigt, mais ce qu'elle fait de cette héroïne, éprise d'absolu comme Salomé, est dramatiquement et vocalement impressionnant. La scène où elle enveloppe sa mère du drap taché du sang d'Agamemnon, comme d'un futur linceul qui porterait les traces du crime qu'elle paiera par la hache de son fils Oreste, est un moment d'anthologie. La soprano Eva Maria Westbroek complète ce trio de sa Chrysothémis au timbre ductile et chaud