Jusqu'à quel point un tableau qui a été repeint peut-il être considéré comme authentique ? Ce cas de figure se trouve posé à l'occasion de la mésaventure dont est victime la maison Roederer, plus célèbre pour son champagne Cristal que pour ses acquisitions en art. Le 25 mars, elle a acheté à Drouot un tableau de William Bouguereau, signé et daté 1900, représentant Mathilde Olry-Roederer, une ancêtre de la famille. Pour près de 137 000 euros. Mesurant près de 2 mètres sur 1, c'est un des rares grands portraits en pied réalisés par l'artiste. C'est dire la fierté de la société de l'accrocher à son siège de Reims.
Las ! A la réunion du conseil, un administrateur, le comte Jean de Béarn, y reconnaît sa grand-mère. Mais il n'est pas du tout enthousiasmé. «Cette peinture, raconte-t-il à Libération, était dans ma maison dans le Gers. Mais elle a été détruite aux quatre cinquièmes dans un incendie il y a plusieurs décennies. Elle n'était plus restaurable en l'état. Je m'en suis débarrassé en la donnant à mon restaurateur. Or il l'a revendue à un marchand qui en aurait repeint les parties manquantes en copiant une reproduction. C'est ce qui a été vendu à notre société !»
Me Alexandre Millon, le commissaire-priseur, récuse tout reproche, car, au catalogue, il avait apposé une petite précision, «restaurations». «Nous tenions à la disposition des clients une fiche détaillée faisant état du réentoilage et des restaurations, notamment dans la partie basse, sur le tapis ainsi que sur le visa