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Libération
Critique

«Carmen» comme jamais

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publié le 27 juin 2005 à 2h45

Envoyé spécial à Graz

Alors que les feux sont braqués sur Aix où Chéreau fera son retour au lyrique avec Cosi Fan Tutte, le festival Styriarte créait l'événement ce week-end avec la première Carmen de Nikolaus Harnoncourt. «La plupart des interprétations m'ont toujours semblé kitsch, confie le chef, à quelques heures de la représentation. Mais l'ouvrage, du point de vue musical et dramatique, reste un chef-d'oeuvre. Je suis fan d'Offenbach, et Bizet n'en est pas loin.»

Qu'il n'aborde ce tube qu'à 75 ans, s'explique par le fait qu'Harnoncourt n'était satisfait d'aucune édition ­ «comportant toutes des erreurs» ; jusqu'à celle récemment publiée à Vienne et qui offre, pour le même passage, jusqu'à cinq options.

Transparence. Il est 19 heures dans la Helmut-List-Halle de Graz, lorsqu'il fait son entrée, en chemise bleue. Et pendant quatre heures, il ne surprend ni par des choix de tempos saugrenus, comme Ozawa les risqua, ni des écarts dynamiques extrêmes. S'il traduit le cantabile en termes mozartiens ou schubertiens, et la solennité dans son acceptation germanique de Bach à Beethoven, le décapage n'en est pas moins stupéfiant en termes de transparence orchestrale, d'homogénéisation des pupitres (les trompettes de l'acte II), et fait entendre la subtilité du contrepoint et de la polyphonie de Bizet.

On parlerait d'approche chambriste si Harnoncourt n'obtenait, dans la même continuité de geste, des fortissimos de pur «grand opéra». Certes, les choeurs accusent souvent des décalages,