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Le prestige terni des bus blancs suédois.

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Une historienne dévoile les dessous de l'expédition qui permit d'évacuer 15 000 détenus des camps en mars 1945.
publié le 30 juin 2005 à 2h48

Stockholm de notre correspondant

Un nouveau pan de l'innocence suédoise vient de tomber. Dans Tâche aveugle, un essai publié ce printemps à Stockholm, Ingrid Lomfors est la première historienne du pays à éclairer la part d'ombre qui a entouré la fameuse expédition des Bus blancs menée en Allemagne durant les dernières semaines de la Deuxième Guerre mondiale par le comte Folke Bernadotte, alors vice-président de la Croix-Rouge suédoise. Entre fin mars et début avril 1945, après négociation d'un accord avec Heinrich Himmler, chef des SS, une centaine de bus avaient pu évacuer 15 000 détenus (et non 30 000, nombre qui a longtemps fait autorité) essentiellement scandinaves des camps de concentration et les ramener en Suède, pays neutre.

Cette expédition est restée dans l'Histoire comme l'un des symboles d'une aide humanitaire courageuse au coeur de l'enfer. La Suède, en tant que pays, en a tiré beaucoup de prestige après-guerre, et jusqu'à aujourd'hui. Le 18 mai dernier, le Premier ministre Göran Persson, lors d'une cérémonie en Norvège, posait encore devant un bus blanc et rappelait combien «il est important de célébrer nos héros».

Trahison. Mais il y avait une contrepartie soigneusement oubliée : le sauvetage des prisonniers danois et norvégiens, rassemblés dans le camp de Neuengamme près d'Hambourg, supposait que 2 000 détenus malades ou mourants, principalement français, mais aussi russes et polonais, soient évacués de Neuengamme, afin de libérer un bâtiment où les Scandinaves