Rome de notre correspondant
Il l'appelait sa «petite princesse». Elle est aujourd'hui à la tête de l'empire. A l'occasion de ses dix-huit ans, en juin 2004, Allegra Beck est en effet devenue l'actionnaire principale (avec 50 % des parts) de la maison Versace. Elle n'avait que onze ans lorsque son oncle Gianni fut tué en juillet 1997 par un déséquilibré devant sa résidence de Miami Beach, faisant d'elle sa principale héritière. Depuis, le groupe de mode italien s'est employé à survivre à son fondateur. Donatella, soeur de Gianni et mère d'Allegra, a pris en main le secteur de la création. Santo, le frère cadet, s'est chargé de la partie industrielle. «Pendant plusieurs années, la mort de Gianni a bloqué le développement du groupe, explique Sandro Testa, professeur à la prestigieuse université milanaise Luigi Bocconi et spécialiste du secteur de la mode, mais Versace a trouvé une continuité à travers la famille. D'une certaine manière, c'est une exception. Nombre de stylistes n'ont pas d'héritiers. Le problème de la succession dans la mode se pose surtout pour les entreprises qui sont focalisées sur la création comme Valentino, Armani, Ferré. En général, pour celles qui s'appuient davantage sur le management, comme Zegna ou Max Mara, l'évolution est plus facile.»
Cumul des fonctions. A la différence des couturiers français, les griffes italiennes sont en effet loin d'avoir toutes résolu le défi posé par la succession des fondateurs des grandes maisons. A la tête d'un colosse pes