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Libération
Critique

La chaîne du froid de la Factory

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publié le 1er juillet 2005 à 2h49

C'est de bonne guerre : à été caniculaire, vidéos glaciaires. Voilà qui tombe bien puisqu'on peut trouver dans les meilleures échoppes de Paris (le rayon indépendant de Gibert, la caverne enchantée Bimbo Tower) deux DVD témoins d'une époque où les filles portaient une frange sévère qui les rendait jolies même quand elles n'étaient que mignonnes, et les garçons des manteaux gris qui les paraient pour d'interminables hivers cold. Que ce soit le DVD Box de Factory Records (un objet semi-pirate compilant tous les clips du label de Manchester de 1979 à la fin des années 80), ou son pendant belge Umbrellas in the Sun, rétrospective de 22 clips produits par les Disques du Crépuscule et la succursale bruxelloise Factory Benelux, l'été peut bien être chaud, sincèrement ça nous fera une belle jambe. Car on ne parle plus de clips ici, mais de crèmes de protection qui ont pour noms Joy Division, New Order, Durutti Column, Cabaret Voltaire, A Certain Ratio, Section 25.

Logique graphique. Quand, en 1978, sur les cendres encore chaudes du punk, Tony Wilson lance Factory, il a derrière la tête plus qu'un label, un geste graphique global qui tendrait à être le résumé parfait des années 80 : européen, robotique, angoissé, new wave. Le nom de Peter Saville, designer des pochettes, dépassera bientôt le cercle des seuls amateurs de rock. Dans cette logique graphique, Factory va ouvrir un département clip : moins inspiré, cheap, comme naïf. Evocation de paysages enneigés, visages d'enfants terribl