Il se joue actuellement à Paris, à la comédie des Champs-Elysées, une pièce sur Gabrielle Chanel. A Granville, en Normandie, on honore le centenaire de la naissance de Christian Dior dans sa maison d'enfance où sont présentés des modèles historiques mais aussi des objets personnels. Mais ces vibrants hommages à la mémoire de deux créateurs qui ont donné leur nom à des marques aujourd'hui implantées sur la planète entière ne doivent pas masquer les crises que connaît le milieu à chaque fois qu'il est question d'héritage, esthétique ou économique. Même si, le besoin de changement étant inhérent à la mode, certaines sont salutaires. Rappelons qu'au début du siècle, la maison Wörth fit appel au jeune Paul Poiret pour que sa clientèle ne soit plus exclusivement celle des cours royales européennes. Comme quoi, les problèmes de diversification ne datent pas d'hier.
Quand un créateur disparaît (ou se retire), son successeur doit d'abord trouver la bonne distance. Respecter ses codes et s'affranchir de son style. «Les citations des origines assoient la noblesse d'une marque», analyse Florence Müller, (1) historienne et professeure à l'Institut français de la mode. Mais, depuis les années 90, la donne a changé. A l'origine familiales, «les griffes sont devenues des marques qui doivent rendre des comptes à leurs actionnaires». Et pour séduire, avec les mêmes modèles, des clientes à Tokyo, New York ou New Delhi, «il faut, continue Florence Müller, pouvoir décliner des codes maison qu