Tarifa (Espagne) envoyée spéciale
C'est une charmante bourgade à la pointe méridionale de l'Espagne, entourée de collines hérissées d'éoliennes. L'un des meilleurs spots pour s'adonner au kyte-surf : kilomètres de plages de sable, mer turquoise, et vent frais qui attire chaque année ses bataillons de surfeurs en provenance d'Europe du Nord. «Vous êtes à Tarifa, la ville la plus au sud de l'Europe», proclament les panneaux touristiques. En face, la côte marocaine. C'est à cet endroit que la distance entre l'Europe et l'Afrique est la plus courte. Une trentaine de kilomètres que tentent de franchir chaque année des milliers de migrants clandestins au risque de leur vie. Le 14 juin, 14 d'entre eux, dont six enfants, se sont noyés dans cette traversée périlleuse. Une frontière sous haute tension, investie depuis deux ans par Fadaiat.
Pendant dix jours, ce laboratoire temporaire pour la «liberté de mouvement» et la «liberté des savoirs» s'est déployé dans l'enceinte du château médiéval. Activistes analogues et digitaux, artistes, codeurs, architectes, vidéastes, syndicalistes, membres d'organisations sociales venus d'Europe se sont retrouvés lors d'ateliers, de projections, de performances en réseau autour des questions de mobilité, de migration et de précarité.
Partage. «En arabe courant, Fadaiat désigne les antennes paraboliques ou les vaisseaux spatiaux, mais son sens plus académique signifie "à travers les espaces", une belle métaphore pour parler de rencontre,