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Libération
Éditorial

Réveil

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publié le 23 juillet 2005 à 3h03

Ce n'est pas la première querelle d'Avignon, ni sans doute la dernière. Le débarquement d'une théorie de chorégraphes flamands sur les rives du Rhône fait cette année un beau chambard, et les critiques carabinées, venues de journaux de tous bords, pleuvent. Les jeunes directeurs du plus célèbre festival de théâtre au monde essuient leurs premières rafales, et leur goût revendiqué pour l'innovation et la prise de risque les met à rude épreuve : la plupart des spectacles proposés étant des créations, ils ne découvrent les ratés ­ et visiblement, il y en a eu cette année à Avignon ­ qu'au dernier moment, c'est-à-dire trop tard. Mais ils se défendent plutôt bien et savent que l'histoire du festival plaide pour eux. Combien de broncas et de scandales ont jalonné le parcours de ce presque sexagénaire ! Les moins jeunes se souviennent peut-être des huées qui avaient accueilli en 1967 les premières chorégraphies de Maurice Béjart, aujourd'hui un classique bien rangé au regard des expérimentations humorales d'un Jan Fabre. A l'époque déjà, c'était le théâtre qu'on assassinait en pleine cour d'honneur ! Dans leur ardeur juvénile, les programmateurs avignonnais manquent sans doute de lucidité face aux fausses avant-gardes. Et avec un peu plus de sens tactique, ils sauront sans doute mêler à leur passion découvreuse quelques spectacles plus consensuels et fédérateurs, de quoi faire taire les cabales du parterre et les démagogues qui font toujours recette facile contre l'élitisme et l'ar