envoyé spécial à Briançonnet
En verre ou céramique, filles du feu et fils de la terre, les oeuvres de Bernard Dejonghe ressemblent à son visage : plissé et concentré. Les photos de ses oeuvres (Stèle, Forme brève, Haches à gorge ou Meule dormante) ne disent rien du volume, de l'intensité de la transparence : 20 cm de «verre optique massif», c'est lourd, magnifique et tient du mirage.
Déserts. A un kilomètre de Briançonnet, à une heure de route de l'aéroport de Nice, Dejonghe vit dans son atelier avec son épouse depuis maintenant vingt-sept ans. De là, il s'envole parfois vers l'Asie Japon et Corée, où les arts du feu ne sont pas «mineurs» et sa renommée, grande ; de là, chaque année depuis quinze ans, il rallie les déserts d'Afrique. En octobre, ce sera celui qui relie Egypte et Libye, dont il est un habitué. Il y ramasse des pierres façonnées par l'homme ancien, haches du Niger ou flèches du Ténéré, qu'il rapporte dans son atelier comme un trésor de guerre (ou «guère»). Il récolte aussi les météorites, dont l'une a éberlué les chercheurs du Museum d'histoire naturelle, les fulgurités, ces roches siliceuses en partie vitrifiées par la chaleur (foudre ou météorite). Ce mot de «fulgurité» résume son travail, qui tôt ou tard devait aller à la rencontre des déserts. «Mon regard là-dessus est simple : j'ai commencé à m'y intéresser après vingt ans de trafic avec les fours.»
Ex-élève de l'Ecole des métiers d'art, comme les grands céramistes Yves Mohy (disparu il y a quelques mois)