envoyé spécial à Strasbourg
Un demi-siècle a passé et l'art optique semblait avoir été oublié dans la case culturelle de l'ère pompidolienne. Naguère, le hall du Centre Pompidou à Paris s'ornait d'une grosse boule jaune, un Pénétrable de Jesús Rafael Soto. L'exposition strasbourgeoise permet donc d'extraire un mouvement des années 60 au fond desquelles il menaçait de s'abîmer. Mais l'art optique ne se limite pas à un groupe particulier. Il renvoie à une constellation dont les branches principales ont pour nom «cinétisme», «op' art», «Grav» (groupe de recherche d'art visuel). Ce dernier avait bénéficié, il y a trois ans, d'une rétrospective au musée des Beaux-Arts de Vannes. Celle-ci présentait notamment une oeuvre collective, le Labyrinthe, créée en 1963 et reconstruite ici pour l'occasion.
Machinerie. Ce dédale architecturé déroule une série de chambrettes formant un parcours qui conduit le visiteur, suivi ou précédé par un(e) gardien(ne) du musée, à travers une succession de miroirs, ampoules, néons, disques, cylindres, roues bref, une véritable machinerie de Luna Park. L'explorateur en sort tout ébloui, au sens aveuglant du terme, non sans peut-être s'être auparavant heurté à un panneau scintillant ou avoir navigué à tâtons pour essayer vainement d'attraper son propre reflet en fuite.
L'art cinétique excède le champ de recherches du Grav et prend ses sources dans le Bauhaus, le constructivisme russe et le mouvement De Stijl. Il connaîtra de multiples prolongements. Son ori