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Interview

Alaïa: « Quand un objet me plaît, je suis en transe »

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Design. Interview. Le couturier expose le maître japonais Kuramata et explique sa passion des formes.
publié le 2 septembre 2005 à 3h31

Au domaine d'Azzedine Alaïa ­ son entreprise de couture est un dédale de bâtiments dans le Marais ­, on peut se poser sur les ondulantes assises de Marc Newson. Prendre son petit-déjeuner sur une table de Jean Prouvé si l'on réside dans son hôtel composé de trois appartements. «Et chez moi, c'est pire qu'un musée, je suis obligé d'en sortir pour pouvoir redécouvrir mes objets», se moque-t-il de lui. Ce collectionneur est parfois exalté : «Quand je vois un objet qui me plaît, je suis en transe, c'est comme du vaudou. Je n'ai pas de stratégie commerciale.» Pas très étonnant alors qu'Alaïa ouvre sa galerie à Shiro Kuramata (1934-1991, lire ci-contre) «pour le plaisir». Il a réuni, en plus de dessins, une trentaine de pièces majeures du designer japonais, la plupart issues de son trésor personnel. Parmi elles, Comme la lune est haute dans le ciel (How High The Moon, 1986), au titre ironico-onirique, est l'un des fauteuils emblématiques du maître de Tokyo. Ce siège, en maille d'acier déployé, est un volume trouble, voilé, dont on ne distingue pas la structure. De même ses Meubles de formes irrégulières (1970), commodes déhanchées, perturbent l'espace et brouillent la vision. «Le plus grand problème, expliquait-il, c'est la gravité, nous devons réfléchir à un moyen de l'effacer.»

Kuramata ne s'est pas gêné en dématérialisant les composants industriels, en perçant de lumière la matière, rendant liquides certains de ses solides en acrylique. Ses meubles ne sont pas pour autant effacé