Lido di Venezia envoyé spécial
Au deuxième jour du festival, la mèche du cinéma crépite avec une surprenante vigueur. Il en faudra encore pour maintenir sur les festivaliers une attraction inversement proportionnelle à celle du soleil de plomb dont les braises font rissoler la lagune. Par quelle sorte de miracle nous retrouvons-nous à déguster dans l'ombre un film théologique plutôt qu'un gelato dix-huit parfums en pleine lumière ? Par la grâce de Manoel de Oliveira et de son Miroir magique, ironique et émouvant chef-d'oeuvre de dialectique religieuse bâti autour de la figure de l'héritière Alfreda (Leonor Silvera, l'une des plus grandes actrices au monde), convaincue que la Vierge Marie était, comme elle, une femme financièrement privilégiée. Qui se soucie de l'âme des riches ? Tel est en substance le problème d'Alfreda qui, outre de renversants points de vue sur la nature du désir, n'a qu'un souhait : une apparition de la Vierge à laquelle elle brûle de poser des questions capitales. Pourquoi, par exemple, Jésus ne portait-il pas de chaussettes dans ses chaussures ? Alfreda entretient un dialogue théologique de haute volée avec ses visiteurs, notamment Luciano, angélique jeune homme sorti de prison (excellent Ricardo Trepa) qu'elle embauche à son service. Musical, imprévisible, le Miroir magique tourne à la farce et au drame, faisant la preuve de la domination d'Oliveira sur son art : le maître nous fait oublier que, dans deux ans, il en aura 100 !
Maccarthysme. Il faut reco