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Libération
Critique

Pollock coulé touché.

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publié le 2 septembre 2005 à 3h31

Envoyée spéciale à Venise

Le héros convulsif de l'Action Painting, l'équarrisseur d'un nouvel espace pictural Jackson Pollock (1912-1956), surnommé «Jack the Dripper», par analogie avec l'Eventreur anglais («the Ripper») et sa propre méthode du «dripping» (traduit par giclures ou coulures sur la toile par terre à l'horizontale), a produit, durant sa relativement brève carrière, plus de 700 dessins. Ce qui fait nombre. Etant donné que la réputation de J.P. s'est gagée sur ses danses de Sioux autour de la toile au sol, l'attaquant par tous ses côtés en y faisant couler, grâce à un bâton, de la peinture liquide et embrassant à chaque instant l'étendue entière du support, l'exposition des seuls dessins semble un antidote.

Pollock a toujours certifié l'égale importance de ses dessins en regard de ses peintures. Mais ces catégories (dessin, peinture) sont-elles valides ? Et comment aborder les travaux opérant sur de petites étendues de papier, matière peu propice à accueillir une grande quantité de couleur fluide ? Ainsi le précise l'intitulé de l'expo : il s'agit de «peintures sur papier», le lieu, situé sur le Grand Canal vénitien, renchérissant sans doute sur leurs résonances liquides.

Après un séjour au Guggenheim-Berlin, l'exposition du Guggenheim-Venise paraît doublement orientée sur des questions de liquidités ­ au sens de l'argent aussi bien que des eaux saumâtres, pour témoigner du lien privilégié de Pollock avec la collection de Peggy Guggenheim, qui l'expose.

Acte de foi. A