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Critique

Les limbes de Durutti Column

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Le pionnier new wave Vini Reilly, alias Durutti Column, qui n'a pas joué à Paris depuis dix ans, est l'invité du festival l'Etrange Musique.
publié le 3 septembre 2005 à 3h31

«Qu'est ce que je fais de mes journées ?» demande Vini Reilly, avec l'air interdit de celui qui ne s'est jamais posé la question. «Tu joues de la musique ou bien tu écoutes la radio», répond sa très jeune femme au sourire d'infirmière. Ce sosie au masculin de Françoise Sagan (qui aurait pu lui dédier Bonjour tristesse) n'a toujours eu qu'une obsession : la musique comme consolation. «Mon batteur et sa femme m'ont hébergé pendant cinq ans, quand je suis devenu fou. C'était dans les années 90, pas une très bonne période pour les artistes.» A fortiori pour ceux qui ont vécu les flambées du punk puis les beautés froides de ses cendres.

L'histoire s'est écrite au dos d'un 45 tours de grise facture paru début 1978 : A Factory Sampler. Le premier jamais sorti par le bientôt légendaire label Factory. Ni plus ni moins que l'acte de naissance de la new wave et l'entrée par effraction dans nos vies de deux groupes fondamentaux de Manchester : le premier s'appelait Joy Division, le second, Durutti Column. «C'est Tony Wilson, le boss de Factory, qui avait choisi ce nom, inspiré par l'anarchiste Buenaventura Durruti (1), dont il avait entendu parler dans une BD situationniste sur la guerre civile espagnole. Ça avait à voir avec l'anarchie, ça me plaisait.»

Neurasthénique. Vini Reilly sera Durutti Column. Qu'il s'accompagne d'un batteur fou aux bras élastiques comme une pieuvre (Bruce Mitchell) ou de sa propre voix (avec parcimonie : ses disques sont essentiellement instrumentaux) ne change