Le Phun avait investi le parc de la Villette en 2002 avec d'étranges bonshommes verts disséminés aux quatre coins de la prairie, roulés sous l'herbe ou habillés de feuillages. Les Gûmes, des êtres «en voie de végétalisation», trouvaient dans cette communion avec l'humus un nouveau rythme vital. La compagnie toulousaine signait un spectacle fort, présenté au festival d'Avignon la même année.
Le Train Phantôme partage avec cette précédente création le goût de l'étrange et de l'incongru. Au sortir du métro, sur la place qui devance la Grande Halle, se dresse une véritable attraction pour enfants, avec des wagonnets et des bruits bizarres. Les forains ne sont guère rassurants : pâlots, les yeux cernés, un filet de sang coulant des tempes, ils projettent à grands coups de genou les spectateurs assis sur leurs nacelles dans un fracas où s'agglutinent les crissements des rails et les hurlements des bêtes tapies dans l'obscurité.
Sanguinolents. Le tour du propriétaire dure à peine plus d'une minute. Dans la pénombre, des squelettes bouffés par les vers, animaux sanguinolents et cadavres raidis surgissent des recoins. Le véhicule interrompt sa course quand un Frankenstein oriente le visiteur vers une alcôve aux murs tapissés de portraits d'hommes illustres. Leurs visages ne sont qu'un amas de chair et d'os. Le temps passe, la mort rôde, le Train Phantôme conduit les vivants au pays des morts.
S'ouvre alors un parcours à tiroirs, où chaque spectateur n'est pas tout à fait sûr de voir la