Certains pastiches nous terrassent. Au début du revival rock, beaucoup se demandaient honnêtement pourquoi s'exciter sur Interpol, Bravery, Libertines, White Stripes, The Kills, The Others... sans se poser d'abord la question de leur «valeur ajoutée» esthétique. Comment adhérer à des productions qui renvoyaient n'importe quel auditeur de 22 ans et plus à une redite seventies-eighties crasse? Une resucée plagiaire. Questions pour un champion. Un fétichisme radio-crochet. Qui n'a eu envie en écoutant Interpol ventriloquer Joy Division de déposer plainte, au moins une fois, à la Sacem pour «contrefaçon et vente forcée» ? Ou rendre Pete Doherty à sa maman en le voyant mimer les poses de Sid Vicious ? Dès lors, on pouvait considérer cette scène rock comme un gros «pâté» (pasticcio, en italien) familial anglais, vieille recette resservie par des fils à papa punk. Puis Retreat de The Rakes est arrivé. Subitement, ce clivage moral «créateur/contrefacteur» saute. Le titre reste évidemment un pastiche sauras-tu aligner les dix groupes que le titre évoque ? mais au sens noble : une imitation des maîtres, jusque dans la mèche de Jarvis Cocker et le tee shirt de Ian Curtis. Autobaptisés «les Rateaux», The Rakes installent une distance minime, mystérieuse, mais décisive. Ils travaillent un registre que Beck appelait joliment «l'hommage transcendantal». Quand on l'accusait de plagier Cargo Culte de Gainsbourg, l'Américain rétorquait que l'emprunt était inconscient. Enfant, sa mère lui