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Libération
Critique

Jean Bois: la mère, le fils et le fin esprit.

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publié le 16 septembre 2005 à 3h42

Jean Bois reste l'une des valeurs imputrescibles du théâtre français. Loin des spectacles proprement formatés, qui font la joie de la pléthore de programmateurs pécores, il fait du théâtre à façon, taillé à sa main dans une éternité de chiffon. On entre dans le lieu (il les aime petits, cosy) avec le parfum de ses anciens projets (Etrange pâleur, Post-scriptum je t'aime, Roses de Picardie... ), qui sentent bon la mélancolie des jours de pluie et des nuits d'à quoi bon. Autant de chansons dont il ne reste que l'air : Jean Bois s'est toujours refusé à voir publié le texte de ses pièces.

Quand la lumière se fait sur son nouveau spectacle, Comme un bruissement d'elle, ce qu'on remarque ce sont ses cheveux : blancs. Le visage longtemps poupon s'est émacié au fil des intempéries. L'âge est là. Même maquillé, Jean Bois joue sans fard. Cette fois, il s'appelle Chaffin André, est employé de banque, sa défunte maman l'appelait Titou. Le dimanche après-midi, il ferme les volets, met Vivaldi à fond ; les voisins se demandent bien ce qu'il fabrique, certains prétendent qu'il s'habille en femme. Il dément. La preuve : c'est la robe noire de sa maman qui se glisse sur lui comme une seconde peau. Il s'assoit sur une chaise roulante, baisse la tête et enfile une méchante perruque de cheveux blancs. Quand son visage se relève, c'est une vieille femme qui nous regarde, tout se renverse. Il est cette mère qui lui manque et qui l'étouffait, il la joue, lui l'acteur vieillissant, et ce faisant se