Les voies des distributeurs sont parfois impénétrables. En 2004, deux films de guerre ont dépassé les 10 millions d'entrées en Corée du Sud une performance ahurissante dans un pays qui ne compte que 45 millions d'habitants. Le premier, Frères de sang, un mélo militariste boursouflé, a bénéficié d'une sortie correcte dans les salles françaises au printemps dernier, alors que le second, pourtant bien plus intéressant, est disponible directement en DVD...
Authentique. Comme nombre de blockbusters coréens, Silmido concilie efficacité du cinéma de «divertissement» et capacité à sonder la plaie toujours douloureuse de la partition du pays. Avec une dimension tragique supplémentaire puisque le film de Kang Woo-suk (connu jusque-là pour ses polars musclés comme Public Enemy) est l'adaptation relativement fidèle à la réalité d'un épisode authentique de l'histoire coréenne, tourné sur les lieux mêmes du drame. En 1968, le régime militaire de Séoul propose à des détenus (dont certains condamnés à mort) le marché de dupes suivant : la liberté, l'impunité et une nouvelle identité contre la tête de Kim Il-sung, le dictateur nord-coréen. A l'issue d'un entraînement inhumain de trois ans dans l'île de Silmido, le commando est prêt à l'action. Mais, en 1971, les relations diplomatiques entre les deux Corée sont plutôt à l'heure du «rapprochement par la paix», et le projet d'assassinat du «tyran rouge» est annulé à la dernière minute. Machines à tuer d'autant plus redoutables qu'elles ont ét