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Libération
Portrait

Les 400 coups de Tallon

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publié le 16 septembre 2005 à 3h43

Roger Tallon parle. Beaucoup. Rapide, malin et avec un esprit d'escalier ­ comme celui qu'il a conçu en 1964, hélicoïdal, qui semble décomposer, de ses marches en forme de pétales métalliques, le mouvement d'une hélice. Il parle aux carrefours de plusieurs chemins, sans foncer tout droit au but comme le train Corail et le TGV qu'il a dessinés. Il y a de multiples facettes chez ce designer né en 1929 : le rigoureux industriel qui a fait des études d'ingénierie et travaillé en équipe, le chercheur qui a «exploré» des champs personnels avec les artistes Yves Klein et César. Puis il y a le jouisseur, rieur ou râleur, le débatteur.

Esthétique sixties.

Après avoir fustigé tous les «nonistes» français de tout temps, pesté contre le TGV «déco» de Lacroix, expliqué «qu'il reste un peu anar, qu'il fut un "galloricain" après-guerre plus dadaïste que surréaliste», il parvient à se fixer autour de la série de ses «Module 400», rassemblée aujourd'hui par la galerie Jousse. «Un petit morceau de ma vie, en 1965. Quand j'en avais assez du travail parfois desséchant dans l'industrie ­ même si cela demandait d'être virtuose, de faire des doubles sauts ­, je m'ouvrais à d'autres aventures, comme la conception globale d'une boîte de nuit, le Garage, évoquant un tronçon d'autoroute.» Sur la base des modules métalliques du sol (de 400 x 400 mm), il a décliné tabourets, chaises, fauteuils, bancs, tables, cendriers, portemanteaux... Pieds en solide aluminium poli, assises recouvertes de mousse noire a