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Libération
Critique

La Grande Guerre a pignon sur rue

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publié le 21 septembre 2005 à 3h46

La «zone rouge» est devenue un «pays rouge». L'ex-front de la Grande Guerre dans l'est de la Somme ­ une bande de 30 km de large, dévastée au point d'être déclarée interdite à la reconstruction ­ a ressuscité en un pays couleur sang, ou plutôt couleur brique. Ecoles, églises : ici, tout ou presque est en brique. Sur cette plaie atroce où sont morts des centaines de milliers d'hommes durant la bataille de la Somme, la vie est revenue malgré tout. Et l'architecture avec. Les années 20 furent ici un grand chantier de reconstruction. Quatre-vingts ans plus tard, on s'aperçoit qu'il en a résulté un véritable patrimoine : architectures régionalistes, Arts déco, moderniste, historiciste ont proliféré sur la table rase qu'a laissée la guerre.

Une richesse que les communes de l'est de la Somme, à l'économie peu florissante, se sont mis en tête de valoriser. Puisqu'il existe un très actif tourisme du souvenir autour des cimetières militaires, pourquoi ne pas tenter d'ouvrir les yeux des visiteurs sur cet autre héritage, moins dramatique, plus culturel ?

Inventaire. En 2000, l'association Ades (regroupant cinq cantons et une centaine de communes de l'est du département) fait effectuer un premier inventaire. La direction régionale des affaires culturelles de Picardie trouve le sujet intéressant et se joint au projet : 167 édifices sont sélectionnés. Une spécialiste des architectures régionales, Carmen Popescu, vient mettre un peu d'ordre dans cet ensemble et conçoit cinq expositions sur l