Le 5 septembre, Alain Souchon a sorti la Vie Théodore. Le onzième album de sa carrière, trente et un ans après J'ai 10 ans, qui, en plein couronnement giscardien, marquait son entrée ironico-cafardeuse dans l'univers de la chanson française, et six ans après Au ras des pâquerettes, pénultième enregistrement accompagné de rumeurs à peine crédibles de retraite anticipée. Au lieu de quoi, Alain Kienast, 61 ans, dont la moitié passée dans le circuit (ou en lisière) effectue donc une rentrée tonitruante.
Dans un secteur aussi patraque que l'est l'industrie du disque, on ne plaisante pas avec un «nouveau Souchon», enjeu économique majeur qui, jusqu'à Noël au moins, représente des centaines de milliers de ventes potentielles. Sa maison de disques, Virgin, met donc le paquet pour communiquer sur le sujet. Le matraquage publicitaire va bon train, tandis que l'artiste lui-même bénéficie d'une surexposition médiatique si implacable qu'elle en devient caricaturale. Télé, radio, presse écrite, tous les médias défilent pour recueillir les impressions du «mec gentil» qui, rompu au corps à corps journalistique est, au demeurant, un bon client. Courtois, astucieux et sagace. Capable de faire le tour des plateaux télé pour dire qu'il n'aime pas trop faire le tour des plateaux télé. Ou d'affirmer que chaque nouveau disque est aussi son dernier ce qui n'est sémantiquement jamais faux.
Pour jauger le patrimonial Souchon, Libération a sollicité diverses personnalités, dans des milieux autres que