Le dimanche matin à Toulouse, près du canal du Midi, autour de l'église Saint-Aubin, vous trouvez un joyeux marché qui mélange producteurs locaux, animaux vivants, groupes jazzy, Toulousains sans leur montre. Le savent-ils bien, ces Toulousains, que leur cité offre une rare et précieuse diversité de librairies ? Qu'avec le XV rouge et noir qui enflamme les stades de rugby, ce tissu de libraires est une des autres fiertés possibles de cette ville ?
A côté de l'exemplaire Ombres Blanches place forte de la librairie indépendante sur laquelle nous reviendrons dans l'année , ici, à deux pas du marché, depuis 1998, deux frères tiennent boutique. Les frères Floury, venus de Paris, dont la connivence évoque la gémellité. «Si c'est patois, c'est donc ton frère», chante le fabuleux troubadour local Sicre. Si c'est Floury, c'est donc un frère : Eric, Hervé, dignes descendants de cette famille qui se fit un nom, dans le passé, dans l'édition.
Alchimie. Dimanche matin, donc. Une dame pressée par les kilos d'oranges à confiture qu'elle va quérir au marché Saint-Aubin s'arrête à peine. «Il me faudrait trois romans pour la semaine... des choses que j'aime, vous voyez. Vous me préparez ça pour tout à l'heure ?» Revenant sur ces pas, pointant un des livres de la vitrine : «Dites, je l'ai lu celui-là, non ?» Au libraire, donc, de dire à ses clients ce qu'ils ont déjà lu parmi les 10 000 volumes de la librairie.
Petit espace d'un seul tenant, la librairie regorge de titres. Des murs chargés qui