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Libération
Critique

Cachet de Manosque faisant foi

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publié le 24 septembre 2005 à 3h48

Envoyé spécial à Manosque

Mon cher lecteur, Je t'écris assis sur un bidet vert pâle d'une salle de bains avec vue imprenable sur la place de l'Hôtel-de-Ville de Manosque. Non, je n'ai pas bu (pas encore), je suis venu là «couvrir» une manifestation nommée «les Correspondances». Et, t'écrivant cette lettre in situ, je suis bel et bien devenu une sorte de correspondant, comme tous les spectateurs qui, partout en ville, s'arrêtent dans l'un des nombreuses écritoires. Du papier à lettres et des enveloppes sont mis à disposition, chacun écrit ce qu'il veut, à qui il veut. La poste de Manosque se charge de timbrer et d'expédier le courrier. Plus de 6 000 lettres en quatre jours l'an dernier. Combien pour cette septième édition ?

Lavande. Si je t'écris à cheval sur mon bidet entouré d'un papier à fleurs trognon, c'est que c'était la seule pièce de libre de cette écritoire à loyer modéré (ELM) aux différentes pièces réparties sur trois étages (on songe à Perec). Sur la terrasse en haut, deux sbires moustachus proposent d'écrire des lettres anonymes, qu'ils retapent sur une vieille Brother (j'en ai écrit une au ministre de l'Intérieur, mais chut). Ailleurs, il est d'autres écritoires étonnantes. Dans la cour du centre Jean-Giono, on s'assied sur un siège de tracteur et soudain, tandis qu'on écrit, autour tombe la pluie accompagnée de bruits d'orage (réalisés avec du papier froissé).

Au Kaléidoscripte, un système astucieux amplifie le bruit fait par la plume sur la feuille. Il y a aussi