Avec le départ annoncé pour le 1er octobre de Thomas Krens, 58 ans, actuel directeur du Solomon R. Guggenheim de New York, qui sera remplacé par sa directrice adjointe francophile Lisa Dennison, 52 ans, c'est certainement une bataille perdue pour ce «responsable» (s'il en existe un) d'une conception du musée comme aventure entrepreneuriale mondialisée. Thomas Krens restera certes directeur de la Fondation Guggenheim, c'est-à-dire de ces franchises muséales du Guggenheim (en Europe à Bilbao, Venise, Berlin ; et en projets ailleurs, Taiwan, Brésil, Mexique). C'est sur les dérapages flamboyants d'une politique emblématique que s'est focalisé, depuis janvier, le conflit entre Krens et les administrateurs de son musée.
Il arrive à la tête du Guggenheim en 1988, avec un diplôme en «management non lucratif», une expérience au musée du Williams College, au musée d'Art contemporain de Massachusetts (MassMoCA) et un goût des cylindres BMW (thème d'un show du Guggenheim qui fit scandale en 1988).
Il engage la rénovation du magnifique bâtiment escargot de Frank Lloyd Wright à Manhattan (1959) en lui adjoignant une annexe de dix étages qui permet de doubler les surfaces d'expo : scandale. Il vend un Chagall, un Modigliani et un Kandinsky pour acheter la collection d'art Minimal Panza di Biumo : scandale. Ça râle ensuite du côté de la collection Peggy Guggenheim de Venise, léguée au Guggenheim en 1979 et menacée de «disneylandisation». Car Krens entreprend de vendre clefs en main des sa