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Libération

«Je cherchais le moment où tout se dévoile».

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publié le 27 septembre 2005 à 3h51

(envoyée spéciale à Toulouse)

Lunettes Chanel et chaussettes roses, Chloe Piene, 33 ans, a un look d'enfer et des mains d'une longueur inouïe. Mais, ça saute aux yeux, ce n'est pas elle qui joue dans Blackmouth, sorte de transe visuelle où apparaît puis disparaît une fille à moitié nue qui hurle comme une bête féroce. «C'est Yasho, la fille d'une de mes amies, elle est très très jeune, 11 ans, oh boy... J'ai eu beaucoup de mal à la trouver, je ne travaille jamais avec des acteurs professionnels. Je l'ai choisie car elle avait une énergie naturelle. Je n'ai pas eu besoin de la diriger, elle s'est complètement défoulée.»

Parce qu'elle voulait comprendre l'obscurité, «la vraie, pas celle du cinéma», Chloe Piene a imaginé Blackmouth après l'avoir elle-même expérimentée. Pendant deux mois, loin de New York, elle a vécu dans une cabane sans eau ni électricité. Puis le tournage a eu lieu, en pleine nuit, et Yasho «s'est donné à fond». La vidéo est très courte, deux minutes quarante-sept, car elle cherche à «isoler ce moment de grande concentration où tout se dévoile». Tout autant que l'image de la jeune fille couverte de boue, le son de sa voix est surprenant. Trucage ? «Les gens m'ont dit, mais où avez-vous trouvé l'éléphant ? Mais c'est elle qui crie, nous avons ralenti le mouvement et sa voix. Et nous avons aussi supprimé ses dents quand elle ouvre la bouche.»

Diplômée en histoire de l'art, Chloe Piene est artiste depuis cinq ans, «ce qui est une éternité à New York». C'est la prem