Philippe Di Méo a plusieurs marottes. Le rouge, code couleur de son agence RESOmultidesign, créée en 1989. «Un coeur qui bat, à la fois émetteur et récepteur. Le rouge, c'est l'irrigation.» Ce qui le conduit à sa deuxième obsession, le réseau, une manière d'aborder le design «à 360°. Pas en se limitant au seul produit, mais du cahier des charges à la récréation divertissante, de sa conception collective jusqu'à sa distribution : chaque objet est acteur d'une histoire».
Sa troisième fixette, c'est la rue Charlot, dans le Marais parisien. Ce designer marseillais né en 1963, formé entre Aix-en-Provence et Paris, n'a pas peur de dire «qu'il a grandi là», cette rue ayant été la matrice de ses projets. Son agence, au numéro 58, une boutique et le restaurant R'aliment (aujourd'hui disparus), une fête de rue en juin où il s'investit avec ses voisins galeristes ou boutiquiers, animée par l'association Paris 75003. Ce qui fait rouspéter les plus anciens habitants du Marais, qui voient là une «boboïsation» et une rupture de la mixité sociale.
Bouteille Eau Charlot. Il rétorque que cette rue était quasi abandonnée quand il s'y est installé, «nous n'avons chassé personne. L'envers du décor, c'est que les artisans disparaissent». Pour les dix ans de RESO, il a créé dix objets, dont sa bestiole rouge mystique, Bouddhours (Baccarat) mais n'a trouvé que cinq artisans dans le quartier pour les réaliser. «Je me suis approprié l'histoire de cette rue, l'eau potable de sa fontaine que j'ai remise