Au crépuscule, sur la plage, il arrive qu'une bande orangée jaillisse comme un rouleau de vertu entre le bas des nuages et la ligne des eaux. Cette plinthe de ciel rasant est d'une régularité si parfaite qu'elle semble avoir été peinte à la machine par un dieu Ripolin désireux, lorsque la nuit arrive, de diviser le ciel et l'eau. Elle rappelle la réflexion de cette femme qui, dans un film de Fellini, E la nave va, regarde le soleil tomber sur la mer en s'exclamant : «Quelle merveille ! Il a l'air faux !» Bien entendu, elle a raison. Mais il n'y a pas qu'au cinéma que tout ce qui a l'air faux finit par devenir vrai. En ville, sur le trottoir, l'été meurt depuis quelque temps d'une autre façon : sur l'étroite bande de chair ventrale que des jeunes femmes de plus en plus nombreuses laissent flotter entre le haut du pantalon et le bas du tee-shirt. Ces petits crépuscules publics plus ou moins rebondis, plus ou moins larges, occupent les rues à toute heure. Les anciennes libérèrent leurs cheveux puis raccourcirent leurs jupes ; les nouvelles dégagent leurs tailles : le match du corps populaire se joue balle au centre. Certaines bandes ventrales ont l'épaisseur d'un rayon d'entre persiennes ; d'autres, celle d'une baguette de pain ; d'autres enfin, celle d'une bible. En haut, le tee-shirt semble avoir rétréci au massage pour finir, face aux pauvres taureaux urbains, en gilet-boléro. En bas, une ceinture à clous ou à faux diamants incrustés achève généralement le pantalon. Ces incr
Dans la même rubrique