Le Festival d'automne invite le collectif new-yorkais Mabou Mines, vingt-trois ans après sa dernière venue à l'American Center. Fidèle de Beckett depuis les années 70, le metteur en scène Lee Breuer, qui travaille aussi sur ses propres textes, ne dédaigne pas les classiques. A en juger par ce Maison de poupée d'Ibsen créé en 2003, son inspiration n'est pas restée figée au temps de sa jeunesse.
Le spectacle présenté à la Colline est d'autant plus surprenant qu'il se révèle alors même qu'on a l'impression qu'il a déjà tout dit. Cela commence par un prélude d'une virtuosité folle : une suite de tombées de rideaux rouges qui enserrent la salle et le plateau, les transformant en un écrin de théâtre aussi somptueux qu'étouffant. A l'avant-scène, une pianiste au maquillage chinois (Lisa Moore) accompagnera tout le spectacle sur un tempo de bastringue, ironique et saccadé.
Tyran domestique. La pièce d'Ibsen emprunte son titre au cadeau que Nora, l'héroïne, offre à ses enfants pour Noël. De la Maison de poupée, Breuer fait le décor : déployée sur le plateau, avec ses meubles et accessoires miniatures, elle oblige les comédiennes à se plier à son échelle. Mais tous les rôles masculins Torvad, le mari (Mark Povinelli), Rank, le médecin ami du couple (Ricardo Gil), et Krogstad, le maître chanteur (Kristopher Medina) sont tenus par des acteurs lilliputiens. Haute blonde dans sa robe bleue, flanquée d'une bonne, géante et enceinte (Margaret Lancaster), et de son encombrante amie Kristin