A force de partir à la recherche des merveilles méconnues des grands studios de Tokyo, Wild Side nous a convaincus : le cinéma japonais des années 60, bien que privé de la plupart de ses grands maîtres (Mizoguchi, Naruse, Ozu, tous disparus) fut l'un des plus énergiques, les plus inventifs, les plus enthousiasmants qui soient. Où, parallèlement aux brûlots auteuristes d'une nouvelle vague en colère (Oshima, Imamura), des petits maîtres surent sublimer le film de genre à grands renforts d'audaces stylistiques, voire politiques.
Ecran large. Kill, sous-titré «la Forteresse des samouraïs», semble être au film de sabre ce que Mon nom est personne est au western-spaghetti : une relecture parodique du genre, où l'humour noir abonde. Mais contrairement à l'Italien Tonino Valerii, Kihachi Okamoto fait preuve d'un sens du tragique et d'un goût des ruptures de ton au sein du même film, voire de la même scène. Son Samouraï, réalisé trois ans plus tôt, se révèle beaucoup plus crépusculaire. Construite à la manière du Rashomon de Kurosawa (différents narrateurs, des flash-backs), cadrée avec une utilisation dynamique de l'écran large, cette histoire shakespearienne d'un rônin qui rêve de gloire se conclut en apothéose barbare dans une gigantesque bataille sous la neige. Rien que pour cette scène, avec ses gros plans sur les visages fiévreux, ses coups de sabre qui semblent déchirer le cadre, ses explosions de violence, Samouraï mérite d'investir 15 euros. D'autant que l'état remarquable d