Envoyé spécial à New York
Le contraste est saisissant. Si Tom Vek a sur scène l'apparence d'un jeune loup possédé, déjà marqué par la vie, belle gueule tendue guitare en main, il n'est, au lendemain d'une nuit calme, installé dans les salons d'un hôtel coquet, qu'un garçon à peine sorti de l'adolescence. Peau juvénile, regard clair rehaussé de lunettes carrées, voix douce et timide calibrent le personnage en nerd prostré. On l'imagine penché sur ses machines au fond du garage familial, enregistrant ses cassettes avant de rejoindre ses copains dans les allées d'un centre commercial londonien.
Energie. A l'écoute de We Have Sound, son premier album, ce jeu des apparences se complique. You Set the Fire in Me, le titre introductif, pourrait figurer sur un disque inconnu des Doors : le timbre de Vek évoque à s'y méprendre celui de Jim Morrison, tandis qu'un clavier à la Ray Manzarek glougloute dans son coin. Avec A Little Word in Your Ear, c'est du côté de George Clinton que penche le Britannique, alors que That Can Be Arranged, en clôture de disque, sonne minimaliste à l'image d'une variation des Notwist, renforcé par des crissements électroniques de portes rouillées. Une multiplicité de visages que Tom Vek, 24 ans, ne parvient pas à expliquer sans invoquer son goût immodéré pour la musique : «Je suis influencé par ce que j'écoute et j'écoute beaucoup de choses différentes. Au début de mon adolescence, j'étais constamment relié à mon baladeur avec Pearl Jam, Smashing Pumpkins ou S