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Libération
Critique

Une inspiration à deux temps.

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publié le 13 octobre 2005 à 4h04

Antony Gormley aime mouler son corps dans du plâtre avant de le couler dans le fer, le plomb ou toute autre matière. Pour Zero Degrees, duo composé et interprété par Akram Khan et Sidi Larbi Cherkaoui, il a moulé le corps des deux danseurs pour en faire des effigies en silicone. «Je m'intéresse au corps, explique le sculpteur britannique, parce que les émotions peuvent s'y inscrire directement. Que vous ayez peur, que vous soyez heureux, que vous vous sentiez en état d'excitation ou de dépression, tout cela le corps l'enregistre.»

Mannequins. Sur le plateau, white cube minimaliste, les duettistes ont à faire, chacun avec son propre corps puis avec celui du partenaire et enfin avec ceux de leurs doubles, peu malléables mais articulables. Sous le halo de projecteurs parcimonieux, quatre musiciens sont installés en fond de scène, derrière un rideau translucide. Le duo dansé n'est donc qu'une partie d'un ensemble qui mêle éléments sonores et gestuels, corps animés et manipulés. Un dernier composant fait office de liant sous la forme du récit, conté par l'un ou l'autre des protagonistes ou les deux ensemble, d'un voyage au Bangladesh alimenté en péripéties convenues (contrôle de passeports dans un bus) ou inattendues (partage d'un compartiment de train avec un cadavre). Pendant une heure et quart, Akram Khan et Sidi Larbi Cherkaoui alternent solos et duos avec ou sans mannequins.

L'intérêt de Zero Degrees tient à la manière dont chacun des danseurs imprime son style à une compositi