Ils préfèrent l'ombre aux paillettes, les heures de labeur aux virées en limousines arrosées de champagne. Une nouvelle génération de créateurs, dont la moyenne d'âge dépasse juste trente ans, prend peu à peu le pouvoir dans la mode. Chez Yves Saint Laurent, Stefano Pilati, le discret et raffiné Italien, prouve depuis un an qu'il fait plus qu'assurer la succession du bruyant Tom Ford. Tout aussi réservé, un autre Italien, Riccardo Tisci, a soufflé son monde en régénérant Givenchy, maison essoufflée (lire ci-contre). Venue également d'Italie où elle travaillait chez Prada (mais née en Croatie), la ravissante Ivana Omazic a vécu la semaine dernière l'épreuve du feu de son premier défilé dont elle nous détaille, en dernière page, l'implacable compte à rebours. Comme ses collègues, elle est timide et travailleuse. Comme eux, elle met énormément d'application à créer des vêtements certes personnels, mais qui n'échappent pas aux réalités économiques : pour survivre et ne pas être remercié au bout d'une ou deux saisons, il faut vendre.
Tournant. Débutants encore, bien qu'au sein de structures beaucoup plus modestes, Vanessa Seward chez Azzaro et Felipe Oliveira Baptista (pour sa propre marque), confirment cette option «profil bas». Et tous de s'accorder à dater ce tournant : c'était en 2004, avec le départ de Tom Ford, héraut de l'hypersexualisation des femmes, de chez Gucci. Plus concentrée, plus intemporelle tout en restant audacieuse, comme nous l'expliquent le