Charles Mingus a marqué le jazz par sa ténacité à ne jamais accepter les compromis. Son épouse Sue, née à Milwaukee dans le Wisconsin, perpétue depuis 1979 son héritage musical avec une idée fixe : refuser que les enregistrements de son défunt mari soient piratés, tel un folklore anonyme. Cette ancienne journaliste qui a vécu à Paris et à Rome dans les années 50, avant de rencontrer le contrebassiste à New York en 1965, vient à Paris pour trois raisons: la promotion de son label, Sue Mingus Music, celle d'un livre qui retrace son idylle avec le jazzman et la tournée européenne du Mingus Big Band/Orchestra/Dinasty, formation consacrée au répertoire du maître noir américain.
Il vous arrive de «voler» des CD piratés de Mingus dans les magasins...
Je ne reprends que des enregistrements produits illégalement. Je me sens moralement obligée de récupérer ce qui appartient à Mingus. Les musiciens pop sont encore plus exploités que ceux du jazz, car leurs enregistrements sont vendus dans des quantités plus importantes. Les lois contre la piraterie sont moins strictes en Europe qu'aux Etats-Unis. Ici, les sociétés pirates sont difficiles à poursuivre parce qu'elles utilisent des boîtes postales et changent constamment d'adresse.
Mingus a été parmi les premiers musiciens noirs à exprimer ses opinions au sujet du racisme.
Nous avions une approche différente du phénomène. J'ai plus où moins ignoré cet aspect. C'était facile pour moi qui n'ai jamais souffert de ma couleur de peau. Charles, en