Il a fini par le faire. Quand on lui demandait comment il aimerait mourir, il répondait : «En m'envolant». A 71 ans, la leucémie a emporté Jean-Michel Folon. Trente ans plus tard, il est allé rejoindre le bonhomme aux longs bras, en chapeau et manteau, qui planait dans le générique de fin de programmes pour Antenne 2. Ce dessin d'ange humain ou homme angélique aura été à la fois son sésame pour la notoriété et son verrou pour l'art, du moins en France. Car c'est d'abord en Amérique que Folon, natif d'Uccle, près de Bruxelles, entame sa carrière.
Tranquille à coups d'éclat. En 1960, les magazines Esquire et le New Yorker publient ses dessins, avant même qu'il ne pose le pied à New York. Ce sera chose faite la même année. Il sera bientôt l'auteur de quatre couvertures de Time. Alors commence une pérégrination à travers le monde que la mort vient d'interrompre à Monaco. Même à Paris, son pied-à-terre était flottant ; il aimait, de temps en temps, amarrer sa péniche bleue non loin du Trocadéro. Il ressemblait décidément beaucoup aux figures légères, aériennes et volatiles qu'il croquait en toutes saisons et à toute occasion.
Ses motifs, Folon les empruntait à la nature enfantine, de sorte que ses saynètes brillaient de soleils ronds ou de lunes à la Pierrot. Il marquait plus de tendresse pour les chats que pour les chiens, mais préférait encore les colombes aux félidés. Ce talent pour les images de tranquillité lui vaudra un deuxième coup d'éclat, aussi involontaire que le premier