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Libération
Critique

Malle en immersion

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publié le 21 octobre 2005 à 4h11

C'est par la fiction que Louis Malle a connu la notoriété. Mais c'est davantage par le documentaire qu'il reste un nom important pour la cinéphile ­ quand la Cinémathèque française décide de lui rendre hommage, ce n'est pas en projetant Zazie dans le métro ou Au revoir les enfants, mais ses expériences de cinéma direct (1). «La réalité est autrement plus surprenante et pleine de paradoxes que la fiction», reconnaissait le réalisateur en 1986, alors que son immersion dans l'Amérique profonde pour God's Country et A la poursuite du bonheur lui avait fait rencontrer «des personnages qui paraissent tout droit sortis d'une fiction».

Au petit bonheur. La part documentaire de Malle témoigne d'un refus viscéral de l'enfermement dans un style, comme d'une ouverture généreuse vers le monde, vers les autres. Sa méthode ? Ne pas forcément essayer de comprendre, mais «laisser les choses venir» à lui. «J'adore filmer au petit bonheur et cela m'a toujours réussi», expliquait Louis Malle. De fait, peu de reportages télé ont réussi à montrer avec autant d'acuité la dimension à la fois folklorique et tragique du Tour de France (et Vive le Tour ne dure que 18 minutes...); peu de documentaristes sont parvenus à faire ressentir avec autant de force la violence du travail à la chaîne, surtout son abrutissement sonore (Humain, trop humain, un titre qui vaut pour l'oeuvre documentaire tout entière de Malle).

«Décalés». «Ce qui rend appréciables a priori les documentaires de Louis Malle, c'est précisé