Près du quai de l'Hôtel-de-Ville, à Paris, Michèle Ignazi tient sous son nom une petite librairie (deux larges vitrines, deux pièces) depuis 1992. Un de ces lieux que le promeneur hasardeux aime à découvrir, comme à la dérobée.
Sur le comptoir de vente, les livres de petits formats ou de tirages restreints : les désormais incontournables éditions Allia, le numéro 26 de la revue de poésie marseillaise If. La première salle est dévolue à la littérature et à la philosophie. Les livres illustrés et la psychanalyse font charnière entre les deux espaces. Au fond, le domaine des sciences humaines, du poche et du policier.
Poème-carte. Les fondamentaux côtoient des livres qu'on trouve difficilement : le Mexique insurgé de John Reed en histoire essentiel reportage d'époque sur le Mexique de Pancho Villa , les livres de Maurice Roche encore disponibles dans la défunte collection «Points-Virgule» du Seuil.
Les auteurs oulipiens sont là. Il n'est pas rare de lever la tête et de trouver l'un d'entre eux venu faire provision de livres ou simplement donner quelques nouvelles. Un poème-carte de Jacques Roubaud, composé pour ce lieu, est punaisé sur une des bibliothèques. En vitrine, Genèse de l'Oulipo, 1960-1963, de Jacques Bens, fraîchement réédité par le Castor Astral.
Une dame vient acheter le Poids de la grâce de Joseph Roth et «une ou deux de ces petites choses que je pourrai mettre dans mes bagages... Des petits livres mais pas des livres légers, hein ?», avec un étrange geste des main