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Libération

La Nouvelle-Orléans, temple bouillonnant.

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La ville a, entre autres, vu naître le jazz et converger les grands musiciens.
publié le 1er novembre 2005 à 4h21

La Nouvelle-Orléans est le berceau de la musique américaine. Le jazz y est né mais pas seulement. «There is a house in New Orleans, they call the "Rising Sun"» : dès avant-guerre, le blues est descendu le long du fleuve et de la Highway 61 s'encanailler dans les clubs de Canal Street depuis la plaine du delta, dans le Mississippi. Le rhythm'n blues s'est ensuite inventé au cours des années 40 dans les boîtes du Vieux Carré français et les bars des hôtels de Storyville (Dew Drop Inn, Gyspy Tea Room, Tiajuana Club, Brass and Rail Monkey Bar). Le rock'n roll noir en a naturellement découlé (comme le conte Chuck Berry dans Johnny B. Goode), puis la soul, mâtinée du beat sauvage des Indiens du Mardi-Gras, le zydéco (version noire et anglophone de la musique cajun des bayous francophones) et enfin, dans la seconde partie des années 60, le funk, hérité de la fameuse second line des marching bands de la parade du carnaval.

Culture épicée et pianistes «junco»

L'essence même de la musique de La Nouvelle-Orléans, c'est ça, le «fonque» : profond, sexuel, sale, poisseux, canaille, vagabond, défoncé, africain, rebelle, direct, frimeur, animal, vaudou, cosmopolite et criard ­ comme la ville tropicale qui l'a engendré, caraïbe, française, espagnole, sudiste, noire. La Nouvelle-Orléans, ses rythmes, sa culture, sa cuisine, épicés, en attestent, c'est le tiers-monde en Amérique, entre Lagos et Salvador de Bahia.

Réputée pour ses pianistes junco alliant ragtime, boogie-woogie et rumba en un inimi