Détailler cet ensemble tient de la gageure. 1 200 mètres carrés. Plus de 95 000 titres différents toujours en stock. Une équipe d'une quarantaine de personnes. Des animations devenues quotidiennes... A ce stade, on ne parle plus de librairie généraliste mais de librairie multispécialisée, comme le confirmera, en notre présence, un client du rayon théâtre, ravi de trouver ici ce qu'il ne voit que dans les rares lieux dévolus au genre dramatique ; ou Alberto Manguel lui-même, lors d'un récent passage, qui moissonna ici de quoi compléter sa bibliothèque, Babel personnel.
«Convictions». C'est en 1975 que Jean-Paul Archie créa le premier et modeste espace d'Ombres blanches. Suivra un développement exemplaire, indépendant, mené depuis longtemps par son actuel directeur, Christian Thorel. Ce dernier signe ces jours-ci, dans les cahiers du Syndicat de la librairie française, un article traduisant bien la pensée, toujours en mouvement, qui anime ce lieu. Partant de la librairie et de l'édition indépendante d'aujourd'hui, il y plaide à nouveau pour une «politique des auteurs», «une politique des fonds», interrogeant les conditions de leur réalisation et la force de conviction qu'elles demandent. «La conviction des libraires se gagnera dans le bon usage d'une relation entretenue autour des vertus du catalogue, accompagnée de comportements commerciaux adéquats. La conviction des éditeurs s'édifiera dans le constat que la librairie sait s'affranchir des grands réseaux, qu'elle peut quitte