«Je ne vais pas mentir et faire comme si j'avais toujours aimé le rap, dit en introduction du nouvel album de Public Enemy le révérend Al Sharpton. Mais PE a obligé le monde entier à les écouter, a mis des mots sur les frustrations et la colère de la communauté noire. Et, surtout, ils ont changé la conception de ce que le rap pouvait être. Chuck D disait que le rap était le CNN noir. Aucun autre groupe n'a eu autant d'audience qu'eux.»
En quelques phrases, le leader des droits civiques aux Etats-Unis résume le rôle de ce groupe de hip-hop, qu'on appelait aussi les Sex Pistols noirs. Chuck D, étudiant à Long Island, entouré de Flavor Flav, de Terminator X et de leur milice armée sur scène ont secoué l'Amérique pendant près de dix ans, avec des albums tels que It Takes a Nation of Millions to Hold Us Back ou Fear of a Black Planet.
Influence. Ce dernier disque, daté de 1990, vient de faire son entrée dans la bibliothèque du Congrès américain, comme si aujourd'hui les textes de NTM côtoyaient les classiques de la littérature française à la BNF. En Europe, beaucoup de jeunes ont découvert le rap grâce à Public Enemy et construit leur conscience politique avec des titres tels que Don't Believe the Hype («Ne croyez pas tout ce qu'on vous raconte») ou Fight the Power. Alors, même si le groupe s'est largement essoufflé depuis l'avènement en 1993 du gangsta rap et du Wu-Tang Clan, l'annonce d'un concert est toujours vécue comme un événement.
A 45 ans, Chuck D est un rappeur assagi mais