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Libération
Critique

Rosângela en boucle.

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publié le 10 novembre 2005 à 4h30

Si tous les garçons s'appellent Patrick, toutes les filles s'appellent Rosângela. Pourvu qu'elles soient brésiliennes et acceptent le patronage de l'artiste Rosângela Rennó. Cette dernière a eu l'idée d'emprunter leur identité à des femmes prénommées Rosângela (il y en a autant au Brésil que de Marie en France) pour en faire un long métrage, Espelho Diário, au détour duquel elle apparaît en conteuse d'histoires. L'image est emplie de son monologue.

Celle-ci est projetée sur un double écran plié à angle obtus, comme un livre ouvert qui tiendrait droit sur sa tranche. Chacune des deux «pages» fait office, tantôt de miroir pour son vis-à-vis et tantôt d'anticipation pour le récit. Composé comme un agenda, le film fait défiler des faits divers ayant impliqué l'une ou l'autre de ces Rosângela. Kidnapping, attentat, accouchement, ragots, les thèmes les plus divers sont abordés d'une seule voix.

Assise, debout ou allongée dans une baignoire, l'artiste change de tenue ou de décor en fonction de la narration, se filme en très gros plan ou en pied, plein cadre. Mais elle parle toujours sur le même ton, quel que soit le registre. A force de ne pas jouer, de refuser d'interpréter des rôles successifs, elle finit par incarner ses personnages de manière beaucoup plus convaincante que si elle essayait de s'adapter à la variété des situations.

Très vite, le doute naît sur cette valse des identités. On ne sait plus qui parle ou, plutôt, pour mimer une posture post-soixante-huitarde, «d'où ça pa