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Libération
Interview

«C'est une façon de payer mes dettes»

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publié le 12 novembre 2005 à 4h32

Revenue d'entre les vagabonds et les illuminés, Sinéad O'Connor, 39 ans, crâne toujours ras, épaissie, continue de forcer l'intérêt. Parce qu'il est curieux de se gâcher avec tant de constance (le prometteur The Lion and The Cobra remonte à 1987). Parce que les années passant, peu d'artistes peuvent rivaliser avec cette voix chaude hantée. Enfin, parce que ressurgir en 2005, après une série d'épisodes assez grotesques (photo du pape déchirée ; coming out plus ou moins avéré ; soupçons de maltraitances sur sa mère ; ordination prêtresse d'une secte catholique ; retrait «définitif» du monde musical en 2003...), revenir, donc, suppose un certain cran et une absence totale de sens du ridicule ­ surtout si le come-back passe par Kingston, Jamaïque. O'Connor rasta ou le dernier avatar d'une mystique (beaucoup diront «folle») ? C'est la question que soulève son manifeste reggae, Throw Down Your Arms, album de reprises. La chose, emballante, évite soigneusement les tubes Wailers, au profit de perles comme Vampire (Lee «Scratch» Perry), Curly Locks (Junior Byles), voire Downpressor Man (Peter Tosh), sans compter trois airs de Burning Spear.

Enregistré dans le légendaire studio Tuff Gong de Kingston, là où Bob Marley avait ses habitudes, et charpenté par l'une des sections rythmiques les plus célèbres du monde, Sly Dunbar et Robbie Shakespeare (qui accompagnent O'Connor sur scène comme Gainsbarre il y a vingt-cinq ans), le CD est fidèle aux morceaux d'origine. «Une marque de respect»,