Un amour de Paris retrace en 150 tirages, d'époque ou numériques, un Paris calme, comme effacé, littéraire, loin du Paname titi façonné par les Boubat, Doisneau, Ronis. Derrière l'objectif, une Anglaise d'origine lituanienne, Dorothy Bohm, quasi inconnue. A 81 ans, elle vit toujours à Londres où elle trouva refuge quand son père lui fit quitter l'Allemagne nazie en 1939. En viatique, son Leica qu'il lui offrait sur le quai de la gare. Plus tard, elle apprendra la photographie à Manchester et y ouvrira son propre studio.
Sur son premier autoportrait en 1941, elle a 17 ans et quel air sage... Un an plus tard, elle rêve entre deux cigarettes.
Pudeur. Elle découvre Paris en 1947, et ne cessera d'y revenir, avec Louis, son mari, ou ses filles, Monica et Yvonne. Tout l'attire, la Seine, les cafés de Saint-Germain, le marchand de ballons du jardin du Luxembourg, et même la tour Eiffel, qu'elle coupe en deux.
Il y a de la pudeur dans ses portraits, de la bonne humeur aussi, comme lorsqu'elle saisit deux ados en goguette au marché aux Puces, sourires de princes et mains aux poches. Ou les Halles, version d'époque, avec cageots et tas de légumes à gogo, sans oublier la maraîchère plus vraie que nature.
Dans Paris comme ailleurs, Dorothy Bohm se balade au petit bonheur et photographie «sans préméditation». Elle aime «que ses images aient quelque chose de mystérieux. Parfois, je veux qu'une photographie soit un questionnement. [...] Il ne faut pas qu'on la comprenne trop vite, car nos vies