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Libération
Critique

Un «Nez» en trompette

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publié le 16 novembre 2005 à 4h34

Ayant retrouvé en quinze ans son prestige d'antan sous la direction de Valery Gergiev, le Mariinski de Saint-Pétersbourg, plus connu sous son nom communiste de Kirov, est en résidence à Paris jusqu'au 15 décembre.

Au Châtelet, la troupe donne deux opéras, Boris Godounov et le Voyage à Reims de Rossini, une série de ballets ­ le Lac des cygnes, Casse-Noisette ­, et des soirées Forsythe et Balanchine. A Bastille, le Mariinski livre cette semaine le Nez de Chostakovitch, qui fait du coup son entrée à l'Opéra de Paris sous la baguette de Gergiev.

Cette production originale de l'opéra de Saint-Pétersbourg a de nombreux atouts. Dans le répertoire lyrique russe, le son et le style du Mariinski sont irremplaçables. Surtout dans les ouvrages les moins connus (Kitezh ou Sadko de Rimsky-Korsakov, Ruslan et Ludmilla de Glinka, le Joueur et les Fiançailles au couvent de Prokofiev), qu'il a gravés ces dix dernières années pour Decca, et donnés à l'étranger.

Tranchant. Le Nez, composé à 21 ans par Chostakovitch et rarement monté en France (bien que présenté encore tout récemment à Saint-Quentin-en-Yvelines), ne saurait, par ses ambitions modernistes mêmes, être réduit à un certain «charme russe». Et réclame, par son caractère allégorico-politique autant que par la faiblesse de son livret, un metteur en scène aussi tranchant du point de vue dramaturgique que visionnaire.

Pilier du Mariinski, Youri Alexandrov produit pendant deux heures un spectacle très professionnel et haut en couleur. Dans u